Noémie Beaulieu: Du vernis qui porte chance

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Voici le premier texte d’une série de 10 sur des athlètes de la région à surveiller au cours des prochaines années. Le tout produit par Martin Comtois du journal Le Droit. C’est notre ambassadrice Noémie Beaulieu qui est en vedette dans celui-ci.

Dans les prochains jours, Le Droit présentera 10 athlètes de moins de 18 ans, qui représentent Ottawa-Gatineau, et qui seront à surveiller dans les 10 prochaines années. En vedette aujourd’hui: Noémie Beaulieu.

Ça se vend pour une poignée de dollars dans des petits pots de 10 ml en diverses couleurs. Pour la plupart des gens, c’est une question d’esthétique. Le liquide possède toutefois des effets de potion magique chez une triathlète de Gatineau.

Noémie Beaulieu a multiplié les présences sur le podium depuis deux ans. On l’a vue sur la plus haute marche à deux reprises, aux Jeux du Québec, en 2018. Durant cet été, elle a aussi été couronnée championne provinciale. 

L’an passé, l’adolescente de 16 ans a connu la meilleure saison de sa jeune carrière, terminant première au classement général de la Série nationale de développement de Triathlon Canada. Et Sports Québec lui a remis un trophée «Maurice» à titre d’athlète féminine au niveau provincial.

En janvier dernier, la revue Triathlon Magazine Canada l’a nommé triathlète junior de l’année au pays.

Tout ça grâce à du… vernis à ongles!

«Je suis un peu superstitieuse», avoue Beaulieu. 

C’est ça, sa potion magique.

« J’ai eu la piqûre tout de suite dès ma première course. »— Noémie Beaulieu

Tout a commencé lors d’un triathlon, il y a deux ans.

«J’ai mis du vernis sur mes ongles avant la course. J’ai gagné par la suite. J’ai continué en a mettre tout l’été. La seule fois que j’ai oublié d’en mettre, je me suis trompée de direction dans le parcours. Ça ne m’était jamais arrivé auparavant de faire ça! C’était peut-être juste un manque de concentration…»

Beaulieu a conservé ce porte-bonheur en 2019 avec des résultats similaires. Et il était hors de question de s’en débarrasser en vue de la saison qui devait commencer le mois dernier.

L’athlète a même fait des provisions. «J’avais acheté de nouvelles couleurs.»

En ce moment, pas le choix d’avoir un sens de l’humour.

L’année 2020 devait marquer sa deuxième saison chez les juniors. Des étapes de la Coupe continentale en Floride et en Californie se trouvaient à son horaire ce printemps. C’est sans compter les championnats panaméricains juniors à la mi-juin.

Tout ça prend le bord avec la COVID-19 qui fait rage.

«C’est sur que c’est décevant, surtout que j’avais plusieurs courses internationales qui étaient prévues», souligne-t-elle.

Beaulieu a goûté à un premier peloton international l’automne dernier dans les îles britanniques. Elle a terminé deuxième à une épreuve jeunesse de la Super League présentée à Jersey, dans les îles anglo-normandes.

«Ça faisait changement des courses auxquelles j’étais habituée ici. J’ai aimé l’atmosphère. J’ai fait surtout plusieurs nouveaux amis. J’ai vraiment hâte de revivre ça.»

Noémie Beaulieu (droite)

Noémie Beaulieu (droite) COURTOISIE, DARREN WHEELER, SUPER LEAGUE TRIATHLON

Leçon 101 à ses débuts

Si elle avoue aimer écouter la musique, dessiner et pratiquer un peu de photographie, Noémie Beaulieu carbure avant tout au triathlon.

Elle a été initiée à ce sport, il y a six ans, en allant voir son grand frère Cédric et son père Christian prendre part à un triathlon. «Je trouvais ça pas mal cool. J’ai commencé à m’entraîner beaucoup pour l’année suivante.»

«J’ai eu la piqûre tout de suite dès ma première course. J’aime la diversité de ce sport. Tu ne peux jamais te tanner. Puis ça aide à me sentir bien après chaque entraînement.»

Et cette course initiale, Beaulieu s’en souvient encore très bien. Ça se déroulait à Ottawa.

«La portion natation se passait dans une piscine. C’était juste 100 m à parcourir, mais c’était difficile. Puis une bénévole m’avait crié dessus dans la zone de transition, car j’avais embarqué trop tôt sur mon vélo. Je ne savais pas que je n’avais pas le droit!»

Parlons justement de la portion de cyclisme.

«J’avais un vélo de montagne. C’était tellement dur. C’était tellement long! Mais après la course, j’avais déjà hâte de recommencer!»

Aujourd’hui, Noémie Beaulieu possède tout l’équipement approprié. Elle connaît aussi tous les règlements. Et elle a appris que ça joue dur parfois entre adversaires.

«Au début, je paniquais quand je me faisais passer dessus dans l’eau ou que je me faisais frapper. Maintenant, je frappe plus fort.»

Noémie Beaulieu (droite)

Noémie Beaulieu (droite) COURTOISIE, DARREN WHEELER, SUPER LEAGUE TRIATHLON

Tolérance élevée à la douleur

Son entraîneur au club Espoir la qualifie de perfectionniste. «Comme tous les athlètes hors pair, ajoute Éric Deshaies.

«Elle a beaucoup de misère à être satisfaite, même quand ça va bien ou qu’elle gagne. Elle demande toujours s’il y a quelque chose qu’elle peut corriger.»

Ce qui l’épate surtout, chez la jeune femme?

«Son seuil de tolérance à la douleur qui est élevé. C’est la même chose chez son grand frère que j’ai coaché et même son plus jeune frère. Ils sont capables de pousser très loin, presque au point de perdre connaissance!»

L’Outaouais a déjà connu une triathlète dont le moteur ne cessait jamais de tourner de la sorte. Kathy Tremblay a fini par participer aux Jeux olympiques à deux reprises en plus de gagner trois médailles en Coupe du monde, dont l’or en 2012 à Ishigaki.

Beaulieu n’ose pas regarder trop loin devant elle. «Je ne veux pas me mettre de la pression. Je veux continuer à avoir du plaisir et voir où ça me mènera.»

Elle finira par avouer qu’une participation aux championnats du monde est dans sa mire. Restera à voir quelle couleur de vernis elle optera pour ce baptême.

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