Laury Milette : une volonté qui roule loin

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Laury Milette signe une saison marquante en Europe : nouveau club, podium international et retour en force grâce à un travail physique et mental approfondi.

Crédit: Lou Chalifoux

Pour Laury Milette, la saison 2025 n’a rien d’ordinaire. Elle marque un tournant. Après avoir roulé pendant deux ans dans une formation professionnelle européenne, la Gatinoise a dû redescendre d’un cran et se joindre à KDM Cycling Pack, un club belge semi-professionnel. Un retour à un quotidien plus précaire, moins structuré… mais pas moins exigeant.

« C’était clair dans ma tête : c’était une année où ça passe ou ça casse », explique-t-elle avec franchise. « Je savais que j’aurais moins de soutien, moins de ressources. Mais je me suis dit que j’allais me donner à fond, peu importe. »

Cette détermination, Laury la puise dans sa volonté de prouver qu’elle mérite toujours sa place parmi l’élite. « Physiquement, j’ai progressé. Mentalement aussi. J’avais enfin de bonnes sensations sur le vélo. » Et les résultats sont venus : un premier podium sur le circuit européen cette saison, qui a agi comme un déclencheur. « Franchir la ligne et monter sur le podium, c’était un soulagement. Une confirmation. Dans ce sport, tu peux passer toute ta vie sans jamais obtenir ce genre de résultat. Alors quand ça arrive, tu sais que tu es encore dans le bon peloton. »

Cette victoire a été rendue possible par un ensemble de décisions stratégiques — dont un changement d’entraîneur. « Après quatre ans avec le même coach, j’ai senti que j’avais besoin de nouveauté, de sortir de mes habitudes. C’est un pari qui a payé. »

Crédit : Lou Chalifoux

Mais au-delà du physique, Laury souligne l’importance du travail mental, amorcé avec la docteure Chantal Lussier. « La performance, c’est aussi dans la tête. Travailler avec Chantal m’a permis de mieux gérer la pression, de rester centrée sur ce que je contrôle. » Elle parle d’un accompagnement global, qui touche aussi la vie personnelle : « Quand tu vis loin de ta famille presque toute l’année, il y a plein d’aspects qu’on néglige sans s’en rendre compte. Ça m’a fait un bien fou. »

Changer d’équipe signifie aussi changer de culture, de dynamique, de coéquipières. « Cette année, je suis passée d’une formation française à un club belge. On est moins encadrées, donc il faut apprendre à être autonome. Mais j’ai eu la chance de me retrouver avec deux autres Canadiennes, dont une Québécoise. Et comme je parle français et anglais, ça m’a aidée à tisser des liens. »

Laury ne se gêne pas pour le dire : le cyclisme féminin reste sous-financé. « C’est une réalité qu’on ne peut pas ignorer. C’est pourquoi j’ai travaillé très fort à bâtir une image professionnelle, une marque personnelle. Le vélo dépend des commanditaires. Si une entreprise choisit de m’appuyer, je veux leur montrer que je m’investis en retour. »

Elle gère elle-même ses plateformes numériques, ses visuels, son site web, qu’elle a construit grâce à une formation offerte par une ancienne championne canadienne. « C’est du travail, oui, mais j’aime ça. Et ça m’outille. Aujourd’hui, il faut être capable de faire un peu de tout. »

Son quotidien est un exercice d’équilibre. Elle s’occupe de son contenu, s’entraîne intensément, gère les courses… tout en gardant ses objectifs académiques en tête.
« J’ai obtenu mon DEC en sciences de la nature et je prévois retourner à l’université en biologie animale, mais probablement après ma carrière sportive. Chaque chose en son temps. »

Les prochains mois seront consacrés à quelques courses locales en Europe, avant un retour très attendu en sol gatinois. « Le Tour de Gatineau en septembre, c’est un gros objectif pour moi. C’est chez moi. C’est une course UCI. J’ai envie de performer devant les miens. »

Et à la jeune Laury qui faisait ses premières courses locales, ou à une ado qui rêve de rouler comme elle, que dirait-elle?

« Reste curieuse. C’est correct de ne pas tout savoir au début. Moi, jamais je n’aurais cru que le vélo m’amènerait où je suis aujourd’hui. Ce sport m’a formée comme personne. Ça va bien au-delà des podiums. Alors sois patiente. Vois plus loin que les résultats. Et surtout, reste ouverte à ce que le sport peut t’apporter. »

Conseil d’athlète – Laury MIlette