En athlétisme, certains caps deviennent des montagnes. Pour Yasser Riad, briser la mythique barre des 1:50 au 800 mètres représentait un sommet qu’il tentait d’atteindre depuis quatre ans. Le 18 juin dernier, à la Royal City Inferno de Guelph, l’étudiant-athlète a enfin franchi cette frontière symbolique, signant un record personnel et atteignant les standards Élite et Jeux du Canada. Mais plus que de la fierté, c’est un sentiment de soulagement qui domine.

« Ça faisait quatre ans que je courais 1:50. On dirait que ça stagnait… Là, c’est enfin tombé. Juste de pouvoir dire que je l’ai fait, ça me permet de croire à nouveau au progrès », confie-t-il avec humilité.
Le changement décisif ? Une transformation complète de sa préparation. « Avant, on misait sur l’endurance, le volume, les kilomètres. Mais cette année, avec mes coachs, on a renversé la stratégie : moins de quantité, plus de qualité. Des entraînements plus courts, plus intenses, plus ciblés. Et ça a fonctionné. »
Étudiant en médecine à l’Université Laval, Yasser jongle aussi avec un horaire universitaire exigeant. Il admet que la première session a été particulièrement difficile, mais l’absence de compétitions d’automne lui a permis de s’adapter à son nouveau quotidien. « L’hiver, quand les compétitions ont commencé, j’étais mieux préparé. J’avais trouvé mon rythme entre les études et l’athlétisme. »
Ce rythme, il le maintient aussi grâce à ses proches. La présence de sa sœur, également étudiante en médecine à Québec, lui procure un repère précieux. « Elle a été là avant moi dans le même programme. C’est comme une mentore. »
Pour récupérer, Yasser privilégie la simplicité : passer du temps avec ses amis, sa famille, décrocher. « Juste jouer au tennis, aller au bowling ou prendre un café. Ça me permet de garder le sourire, de rester léger. »
Son cercle de soutien va bien au-delà. Kinésiologue, physiothérapeute, massothérapeute : il souligne le travail de toute son équipe pour prévenir les blessures et optimiser sa performance. « Ce n’est pas juste courir. Il y a toute une équipe derrière chaque chrono. »

Avec le standard des Jeux du Canada maintenant en poche, il ne manquait plus qu’une seule chose : terminer parmi les deux premiers à la course de sélection. Et c’est ce qu’il a accompli le 28 juin, lors de la Coupe Excellence #3, en signant un temps de 1:50.45 et une précieuse deuxième place. « C’est un énorme soulagement. L’objectif de la saison est atteint. Je suis juste… tellement content », a-t-il soufflé, encore habité par l’émotion de l’instant.
Et la bonne nouvelle ne s’est pas arrêtée là. « Je viens d’apprendre que j’ai aussi été sélectionné pour le relais 4×400 m avec Équipe Québec aux Jeux du Canada. Je ne m’y attendais pas du tout ! » dit-il, le sourire dans la voix. « J’ai souvent fait des relais avec le Rouge et Or, mais cette année, je n’avais couru qu’un seul 400 m individuel… après quatre ans d’absence sur la distance. Visiblement, c’était suffisant pour faire mes preuves. »
Quant à ses sources d’inspiration, elles sont bien ancrées dans la réalité : sa sœur… et surtout Jean-Simon Desgagnés, son coéquipier au Rouge et Or. « Il est en médecine lui aussi, et il a réussi à se rendre jusqu’aux Jeux olympiques. Quand je l’ai vu faire ça, je me suis dit : c’est possible. Moi aussi, je peux aller loin. »
C’est cet état d’esprit, libre et axé sur le plaisir, qu’il espère transmettre à la relève. « Faites ce sport-là pour le plaisir. Entraînez-vous avec des gens que vous aimez, amusez-vous. C’est comme ça qu’on garde la motivation, qu’on reste constant… et qu’on finit par progresser sans même s’en rendre compte. »
Prochaines compétitions :
• 11 juillet 2025 – Finales CTFL, présentées par les Lions d’Ottawa
• 19 au 23 août 2025 – Jeux du Canada (800 m et relais 4×400 m)